L'ancien directeur du Washington Post Martin Baron est convaincu que lorsque Jeff Bezos a racheté le journal américain, à une époque de coupes de personnel et de budget, il a donné une nouvelle opportunité à ses professionnels de réfléchir à un journal à long terme.
« Bezos souhaitait un environnement durable et était prêt à investir sur le long terme. Il n'a pas participé à la couverture médiatique», a déclaré jeudi l'ancien directeur des journaux américains Miami Herald et Boston Globe, qui présentait à Madrid son livre «Frente al poder» (Esfera de los Libros).
Il s’agit de ses mémoires journalistiques pendant son séjour au Post, entre 2012 et 2021, au cours duquel il a fait face à des années tumultueuses en politique et à une transition du journal vers la numérisation et les réseaux sociaux.
Un regard sur le rôle de la presse et l’équilibre des pouvoirs entre le monde des affaires et le monde politique dans lequel le magnat Jeff Bezos et l’ancien président nord-américain Donald Trump sont entrés « en collision ».
C'était une époque, a-t-il dit, où Trump ne cessait d'exprimer sa colère face à la couverture médiatique du Washington Post, ce qui l'amenait même à dire qu'il allait détruire Amazon, la multinationale fondée par Bezos.
Le livre montre la personnalité du président de l'époque, comment il se vantait de ses réalisations et de sa victoire, ainsi que du fait qu'il avait le soutien de 47% des citoyens et qu'il répéterait la victoire.
« Si Trump gagne à nouveau, cela constituerait une menace pour la démocratie aux Etats-Unis », a déclaré Baron lors d'une conférence de presse.
L'ancien directeur du Washington Post s'exprime sur l'IA
Les médias sont « une cible facile pour les hommes politiques de droite comme de gauche », a-t-il déclaré. C’est pourquoi il considère qu’il est nécessaire que les journalistes réagissent honnêtement et démontrent ce qu’ils écrivent par des preuves, et ne se contentent pas de raconter des histoires.
Selon lui, les journalistes doivent faire preuve d’ouverture d’esprit et faire passer les faits avant « leurs préjugés ».
Et en ce qui concerne l'intelligence artificielle, il estime qu'elle aide au travail car elle permet de le faire plus efficacement, mais aussi une menace car le public n'a pas la capacité de discerner ce qui peut être la vérité et le mensonge.
Pour cette raison, Baron défend que les médias « indépendants et vrais » doivent être promus et que les plateformes doivent être responsables de leur contenu : « Il n’y a pas de démocratie s’il n’y a pas de presse libre et indépendante. »
Avec les informations de l'EFE