Au Mexique, aucune plateforme de transport numérique ne respecte les normes minimales de travail avec ses travailleurs, indique une étude présentée ce jeudi par l’organisation internationale Fairwork.
Lors de la présentation dans la capitale mexicaine du premier rapport sur les normes de travail des plateformes numériques au Mexique sur la situation des travailleurs, également appelées applications (apps), l’ONG a souligné que les différentes plateformes ne s’en sortaient pas bien.
L’étude présentée concerne les entreprises Uber, Mercado Libre, Rappi, Cabify, Didi, Jokr, InDrive, Didi Food et Uber Food, qui, selon l’Enquête nationale sur la profession et l’emploi, emploient quelque 250 000 chauffeurs-livreurs au Mexique, tandis que le chiffre Le nombre total des travailleurs des plateformes numériques est d’environ 500 000 personnes, selon les données de l’Institut mexicain de la sécurité sociale (IMSS).
Le résultat de l’évaluation, entre zéro et 10, « était nul pour toutes les entreprises ».
« La violation des droits du travail est l’effet direct de la non-reconnaissance, par les plates-formes de transport de passagers et de nourriture, des opérateurs comme leurs travailleurs, sinon qu’ils les placent comme leurs associés », a expliqué Sergio Guerrero, de l’Union nationale des travailleurs des applications au Mexique (UNTA).
Et c’est précisément cette condition « d’associés » qui provoque la violation totale des droits du travail.
Pendant ce temps, Catarina Morbiato, de Fairwork México, une ONG présente dans 38 pays, a précisé que l’organisation ne s’oppose pas au modèle commercial des applications de transport, mais promeut plutôt le « défi de sa réglementation » afin que les droits des travailleurs soient reconnus et respecté.
Il a précisé que ce premier rapport avait été préparé sur la base des principes de « rémunération équitable », « conditions équitables », « contrats équitables », « représentation équitable » et « gestion équitable ».
Pour préparer l’étude, Fairwork applique une méthode dans laquelle une enquête documentaire est d’abord réalisée, puis les travailleurs et les dirigeants des entreprises sont interrogés.
Justement, les dirigeants de l’entreprise n’ont pas voulu participer au rapport, a expliqué Morbiato.
La représentante a souligné que le non-respect de ces normes minimales cause du stress et des malaises physiques à ses travailleurs.
D’autre part, a-t-il dit, il n’y a pas de congé de maladie et les entreprises ne prennent pas en charge les dépenses en cas d’accident. Ni des réparations d’unités telles que des bicyclettes, des motos et des automobiles.
La circonstance se pose que du secrétaire au travail du gouvernement mexicain une proposition de réglementation de ce secteur sera présentée au Congrès pour ce 2023.
Guerrero a averti que le temps de connexion n’est pas pris en compte pour le projet de loi. C’est-à-dire le temps pendant lequel les chauffeurs et les livreurs « ne sont pas dans la rue mais sont connectés, générant des données que les entreprises revendent ensuite ».
Le représentant de l’UNTA a insisté pour que tout calcul soit effectué « à partir du moment de la connexion ». Pas seulement les heures de travail au volant.
Le forum a réuni des représentants syndicaux des travailleurs des plateformes du Chili, de Colombie, du Mexique et d’Espagne.
L’Espagnole Nuria Soto, de RidersXDerechos, a déclaré que la soi-disant « Loi Rider » espagnole n’a pas été respectée un an après sa promulgation et qu’aucune entreprise ne s’y conforme en sous-traitant ses employés.
La Chilienne Angelica Salgado, de la Central Unitaria de Trabajadores (CUT), a annoncé que cette organisation sera le premier syndicat au monde à négocier directement avec Uber.
Au cours du forum, la situation des travailleurs de ces plateformes a été dénoncée.
Elles travaillent sans congé maternité ni assurance accident pendant la grossesse et doivent également faire face à une discrimination algorithmique, qui « se traduit par moins de services et un taux de rémunération inférieur » selon le rapport présenté par Fairwork.
A cette situation de travail s’ajoutent des témoignages de harcèlement sexuel par des clients et des cas de viols et d’enlèvements dont ont été victimes chauffeurs et livreuses.
L’étude Fairwork vise à sensibiliser les consommateurs et leur donner la possibilité de choisir la plateforme qui respecte les droits des travailleurs.